S’il est bon d’être premier né dans une famille, le fait d’être une fille annule régulièrement ce privilège. Encore plus lorsque vous êtes le fruit d’une union illégitime ; fille du Duc Delayer et d’une fille de joie, Mégane est loin d’avoir eu une enfance facile. En effet, le Duc n’avait que peu de considération pour sa femme qui peinait à avoir un enfant, et n’avait pas hésité à tenter sa chance avec d’autres partenaires afin d’avoir, enfin, un héritier.

Malheureusement, la malchance semblait s’acharner sur le Duc puisqu’il hérita d’une petite fille, au lieu d’un garçon. Si la mère de l’enfant – qui avait passé le temps de sa grossesse dans le manoir des Delayer – fut rapidement mise à la porte à la demande de la duchesse, celle-ci ne parvint jamais à convaincre son époux de se débarrasser de Mégane.

La seule chose qu’elle parvint à obtenir de la part de son époux fut que la petite travaille, pour gagner son pain. C’est ainsi que la petite Mégane apprit à faire les tâches ménagères dès son plus jeune âge, bien que la plupart des domestiques restaient tendre avec elle et ne l’impliquaient pas vraiment dans celles-ci lorsqu’elles la jugeaient encore trop jeune.

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De son côté, la jeune fille était plutôt solitaire : quelques enfants se trouvaient au manoir, mais elle ne passait guère de temps avec eux. Elle subissait régulièrement les foudre de la duchesse qui se montrait d’ailleurs des plus exigeante avec elle, sans que la petite ne comprenne la raison de cette haine. ​ Son père, quant à lui, se montrait assez neutre vis-à-vis de la petite, voir parfois affectueux : il l’autorisait à passer quelques temps dans son bureau, et lui apprit même à lire et à écrire lorsqu’il en avait le temps.

Elle se réfugiait régulièrement dans le bureau de son père lorsqu’elle voulait être seule, mais il n’était pas rare qu’elle soit surprise par la femme de celui-ci. S’en suivait, généralement, une punition mémorable.

La première arriva alors qu’elle n’avait que six ans. La Duchesse l’avait empoignée par les cheveux et tirée hors du manoir, sous la pluie. Elle avait alors abattu la règle sur ses doigts à plusieurs reprises, à tel point que ses mains étaient en sang lorsque la punition prit enfin fin. Et c’est là que Mégane réalisa ce qu’elle était : alors qu’elle pleurait de douleur et d’humiliation, ses blessures se résorbèrent, la douleur reflua jusqu’à ce que ses mains soient entièrement guéries. ​

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Lorsque son demi-frère vint au monde, cela ne changea pas grand-chose à la vie de la jeune fille : ne pouvant réellement l’approcher à cause de sa mère qui veillait au grain, elle ne se sentait de toute manière pas spécialement attirée par le nourrisson, petit garçon et homme qu’il deviendrait : elle ne pouvait s’empêcher de le trouver bien étrange, voir même inquiétant.

Pourtant, lorsqu’elle entendit, un soir, les projets murmurés de l’une des domestiques des Delayer, la jeune demoiselle ne put rester sans rien faire et ne tarda pas à avertir son père que l’on tenterait d’empoisonner son fils. La tentative fut ainsi déjouée et si on ne dit jamais explicitement qu’elle était celle qui avait sauvé la vie de son frère, la famille de domestique ne cacha pas leur suspicion à son égard avant d’être exécutée. ​

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Il s’écoula encore quelques années durant lesquelles elle subit encore et encore les foudre de la duchesse, avant que son calvaire ne s’achève : son demi-frère disparut, et peu de temps après, sa mère tomba malade et rendit l’âme. A croire que la disparition de son fils l’avait achevée, ce que beaucoup pensèrent d’ailleurs. A partir de ce moment, Mégane fut désignée comme dernière héritière du duc Delayer et enfin reconnue comme telle.

Elle profite à présent de son nouveau statut de noble, sans se douter une seconde que son frère était encore envie, quelque part sur le Refuge.