​Il était une fois un couple qui s'aimait d'un amour sincère.  

Tout semblait leur sourire, mais la vérité était qu'ils n'attendaient qu'une chose : l'arrivée d'un enfant. Il fallut de longues années avant l'arrivée de celui-ci, et lorsque la jeune mariée mit enfin au monde une petite fille, elle fut traitée comme une princesse par celui-ci. La petite fille tant attendue fut appelée Desire, en référence au fait qu'elle ait été tant désirée.

La petite enfance de cette dernière fut paisible, et la famille s'épanouissait librement. Jusqu'au jour où le village prit feu. On ne sut jamais où débuta l'incendie, mais une chose était sure : l'on n'en avait jamais vu d'aussi vif et brûlant, et surtout, jamais en plein hiver. Il pouvait arriver, lorsque la saison sèche approchait, que le bois sec s'enflamme, mais le feu était toujours maîtrisé à temps. Pareil lorsque l'hiver venait couvrir le monde de son doux manteau blanc : si quelques foyers étaient trop virulents dans leur envie de se réchauffer, aucun incendie n'avait eu encore cette envergure. Le village tout entier fut décimé, et il n'y eut aucun survivant.  

C'est du moins l'histoire officielle. La vérité est tout autre, mais vous vous en doutez. La petite Desire, enfant si joyeuse et innocente, était en fait dotée d'un don. Un don puissant, un don des plus dangereux dès lorsqu'il se trouve entre des mains ignorantes et peu vigilantes. Mais à quoi fallait-il s'attendre de la part d'une enfant de huit ans ? La flamme est si vive, et la chaleur si attirante... Plusieurs fois, ses parents l'avaient retirée de justesse, alors qu'elle avançait ses petits doigts potelés vers une flamme dont ils ne connaissaient même pas l'origine. Mais ils ne s'en étaient jamais vraiment inquiété, après tout, leur petite princesse allait bien, alors il n'y avait rien à craindre.  

Jusqu'au soir tragique où le feu prit possession du village. La petite fille était sagement allongée dans son lit tandis que ses parents s'occupaient de l'auberge, en bas. Celle-ci fonctionnait bien, leur permettant un train de vie envieux. Ils ne vivaient, certes, pas comme des rois, mais ils étaient loin d'être mendiants dans la rue. Si tout allait bien, ils pourraient même offrir l'éducation à leur fille chérie. Mais la petite brune, sagement endormie, fut soudain agitée par un cauchemar. Rien de bien grave, après tout, tous les enfants font des cauchemars. Mais le fait est que Desire n'était pas une enfant comme les autres et, alors que la plupart se seraient contenté de pleurer et se retourner dans leur sommeil, la petite fit inconsciemment enfler le feu du poêle se trouvant dans sa chambre.   Et, petit à petit, le feu grandit, débordant par quelques étincelles de la paroi en fonte. Il se répandit dans la chambre de la brunette, avant de se diriger vers le rez-de-chaussée, s'étendant peu à peu aux habitations voisines. Il ne fallut que quelques minutes pour que le village entier soit atteint, et une dizaine supplémentaire pour que le seul souvenir de celui-ci ne soit que des cadavres et tas de cendre. Rien de bien glorieux. Desire ne réussit à s'en sortir que de peu. Alors que le feu dévorait le village, elle s'était réveillée en sursaut et avait tenté d'aller avertir ses parents, avant de s'apercevoir qu'ils étaient morts.

À la découverte de leurs corps calcinés, elle s'aperçut à peine que les flammes autour d'elle s'intensifiaient en réponse à son trouble, et ne reprit pieds avec la réalité que lorsqu'une douleur intense la saisit : titubant, elle venait de trébucher et les flammes s'étaient approprié son vêtement léchant sa peau avec avidité. Se résignant finalement à abandonner ceux qui lui avaient donné la vie dans les flammes, elle courut à l'extérieur, ne faisant guère attention à ce qui l'entourait, ne songeant qu'à apaiser la douleur qui parcourait son dos. Trébuchant, elle finit par s'écrouler dans la neige, étouffant quelques sanglots de soulagement alors que celles-ci se transformaient en eau fraîche qui semblait calmer sa brûlure. C'est ainsi qu'elle assista au joyeux bûché qu'elle avait provoqué sans même le vouloir... Ce n'est deux jours plus tard qu'elle fut retrouvée.

Elle était transie de froid, et ne s'était pas alimentée depuis plusieurs jours lorsque le marchand croisa sa route. Incapable du moindre geste, elle l'avait regardé, inexpressive, et n'avait pu retenir un sanglot lorsqu'il l'avait soulevée afin de la porter dans la calèche, au milieu des marchandises. Il lui fallut une semaine de plus pour se remettre sur pieds, un vrai miracle, d'après le médecin qui s'était occupé de ses brûlures. Mais durant tout ce temps, elle n'avait rien dit. Durant un an, elle ne descella pas les lèvres.   Et au bout d'un an... elle disparut. Laissant un peu d'argent ainsi qu'un mot rédigé d'une écriture tremblante et délicate à celle qui s'était occupée d'elle durant une année, la brunette s'était volatilisée.

Errant de village en village, elle n'avait qu'un but en tête : trouver quelqu'un qui pourrait l'aider. Quelqu'un qui pourrait faire en sorte que plus jamais ne se reproduise cette nuit funèbre qui avait marqué à jamais son corps et son âme.