Depuis toute petite, Anelyse sait qu'il n'est pas toujours bon de se montrer franche. On le lui a répété des dizaines et des dizaines de fois : les gens portent un masque, et si elle n'en fait pas de même elle ne pourra jamais survivre. La cruauté est partout, et mais en petite fille innocente, elle refuse d'y croire. Elle veut croire à un monde parfait, ensoleillé où les gestes de véritable sympathie, désintéressée et pure existent encore. Une pure illusion, mais elle ne s'en aperçoit que trop tard.

Pourtant, il est certain qu'Anelyse possède un don certain pour la comédie : son père est acteur, sa mère chanteuse et elle joue dans diverse comédie avec ses parents dès son plus jeune âge, son éducation se faisant sur les routes. Elle sait bien sur lire et possède une diction parfaite, ce qui est essentiel pour une comédienne, mais la jeune fille ignore tout de l'étiquette et du maniement de certains arts souvent recherchés chez les femmes. ​

 

Anelyse grandit donc dans un environnement fait d'illusions et de paillettes, ce qui ne l'aide pourtant pas à se débarrasser de sa naïveté ni de ses rêves de princes charmants. Un jour, elle en est persuadée, un prince viendra la chercher et l'emmènera avec lui sur son beau cheval blanc. Elle n'aurait plus à entendre répéter chaque jour qu'elle doit se méfier de tout le monde, et elle aurait enfin une vie de rêve. ​

 

À l'aube de ses seize ans, Anelyse participe à une réception comme à son habitude. Là bas, après avoir terminé son rôle à la perfection, comme toujours, elle profite de la fête organisée en l'honneur de l'anniversaire du prince. Enivrée par les alcools, elle finit par se laisser aller dans les bras de celui-ci, et lui offre sa vertu en toute confiance après qu'il l'aie abreuvé de paroles tendre et mièvres. Elle a enfin trouvé son prince, elle en est sure. ​

Pourtant, au petit matin le bonheur se brise : elle se réveille seule et alanguie sur la plage où elle s'est endormie près de son prince. Rien, pas un mot de sa part, c'est comme si ce qui s'était passé cette nuit là n'avait jamais eu lieu. Sa première réaction est de se rendre au palais, mais on lui répond bien sure que le prince a des choses plus importantes à faire que de parler à une simple comédienne. ​ Pour la jeune actrice, c'est la douche froide, et elle redescend sur terre. Si elle espère encore qu'il viendra la retrouver, ses espoirs tombent à l'eau lorsque, quelques jours plus tard, son séjour à la cours est terminé et qu'elle se voit obligée de quitter le pays dans la roulotte de ses parents.

Mais ce n'est pas le pire. Après cette désillusion, Anelyse ne pourra se confier à personne : ses parents ne lui répondront qu'un simple « nous t'avions prévenue » avant de l'enjoindre à oublier cette histoire. Et c'est surement ce qu'elle aurait fait si, quelques mois plus tard, elle ne s'était pas aperçue qu'elle ne saignait plus. La jeune fille consulta une médecin dans le plus grand des secrets, et celle-ci lui confirma ce qu'elle avait plus que tout craint : elle était enceinte. ​

 

Cette annonce est la goute d'eau qui fait déborder le vase pour la jeune fille. Lorsqu'elle rentre sur les lieux de la pièce, elle dérobe une bourse pleine de pièce d'or à ses parents, avant de s'enfuir sans un mot. ils ne l'auraient surement pas soutenu, et si elle voue une haine viscérale au prince, elle sait que jamais elle ne pourra abandonner l'enfant qu'elle porte. Elle sait aussi que cela sera surement difficile, mais Anelyse est prête à se battre pour ses idéaux et pour protéger cet enfant qu'elle aime déjà. ​ Elle s'installe donc en ville, non loin de la cour sans pour autant s'y rendre : elle voue une haine terrible aux nobles depuis sa rencontre avec le prince.

La première année se passe sans trop de difficulté, elle parvient à mettre son enfant au monde, mais ses réserves s'amenuise : il va falloir qu'elle trouve un moyen de gagner sa vie, et dieu sait qu'une femme ne sera pas partout, sans parler de son enfant. ​

C'est à cette époque que lui vient une idée. Elle se présente un jour à la porte de Lucien, dont elle a entendu qu'il était à la tête de la rébellion – une rumeur dont la plupart des gens doutent, mais elle veut y croire.

Et pour la première fois, elle applique les leçon qu'on lui a apprise depuis toute petite : enfilant un masque d'assurance infaillible, elle expose son marché. Si les membre de la rébellion l'aident, elle s'engage à en rejoindre les rangs, et à les aider en retour. ​

 

Si elle doute que ce marché soit accepté, elle n'en montre rien et la chance lui sourit : la rébellion n'en est alors qu'à ses débuts et a désespérément besoin d'aide. Ainsi, des travaux commencent chez la jeune femme : son rez-de-chaussée est transformé en théâtre, tandis que l'étage accueille le nécessaire pour la jeune mère. Par chance, il lui reste encore assez d'argent en réserve pour terminer ces travaux. Lorsqu'ils sont terminés, Anelyse honore sa partie du contrat et rejoint la rébellion, tout en assurant qu'en cas de besoin elle s'engage à héberger librement et sans condition un membre dans le besoin, et à accueillir les réunions si besoin est. ​

Au début, la plupart se montrent méfiant envers la jeune mère, et elle le leur rend bien mais les années aidant, elle finit par s'ouvrir à eux, et les considérer comme sa véritable famille. Anelyse reprend donc son métier de comédienne, et contre toute attente, elle finit par être à la tête d'une troupe qui remporte un grand succès. ​

A présent, elle a bien retenu la leçon : elle ne peut faire confiance à personne – ou presque – et ne montre plus son vrai visage qu'à ceux qu'elle considère comme sa famille.