Marie Lyrion
19 ans
Métier :
Comtesse
Race :
Mage de Niveau 4
Dragonnière
Avatar :
Polina Wiart
La nuit s’était posée sur Le Refuge, lorsque les cris se firent entendre. D’abord fort et emplis de souffrance, puis des cris plus faibles. Des cris d’enfants. La petite Marie Lyrion était née, et il s’agissait là d’un véritable miracle pour ses parents qui avaient essayé, en vain, d’avoir un second enfant. Dame Lyrion étant de constitution des plus fragile, elle avait porté plusieurs fois la vie mais n’était parvenue au terme de sa grossesse jusque deux fois, dont une ce soir là.
A ce stade, les époux Lyrion se fichaient bien d’avoir une fille ou un garçon, tout ce qu’ils voulaient, s’était voir grandir le fruit de leur amour une seconde fois – un sentiment bien rare dans le milieu dont ils venaient, surtout vu les coutumes de l’époque.
La petite fille grandit donc, entourée d’amour. Choyée comme aucun enfant ne l’a jamais été, elle ne manquait de rien… jusqu’à ce que l’on s’aperçoive d’une chose étrange. Les yeux de la petite fille étaient voilé, le noir profond censé emplir ses prunelles remplacé par un gris fumée, qui ne tardera pas à s’éclaircir, preuve que l’enfant ne verrait jamais réellement.
Heureusement, son pouvoir de Mage ne s’en trouva pas affecté : si elle ne parvenait pas à voir le monde tel qu’il était, elle n’éprouvait aucune difficulté à percevoir les courants qui parcouraient celui-ci, et se servaient naturellement de ceux-ci afin d’éviter les obstacles : chaque chose et objets étaient habitées par l’énergie, aussi faible soit-elle.
Dès lors qu’ils s’aperçurent du handicap de leur fille, les James et Maria Lyrion redoublèrent d’attention vis-à-vis de leur petite protégée, la prunelle de leurs yeux qu’ils n’avaient pas pu lui léguer. La petite ne manqua de rien, ni d’attention ni d’éducation, et encore moins d’amour. Si elle aurait facilement pu devenir une enfant gâtée et capricieuse, il n’en fut rien : la douceur et la bonté étaient ancrés en elle à tel point que rien ne pouvait les corrompre.
Bien qu’incapable de promener son regard sur les pages des nombreux ouvrages de la bibliothèques, Marie parvenait à deviner leur contenu d’un simple touché. Il devint vite évident que l’absence de vue avait forcé la jeune fille à développer son pouvoir bien plus rapidement qu’à la normal, et qu’elle était promise à de grande choses. Néanmoins, ses parents ne la laissèrent jamais passer les tests capables de révéler sa réelle aptitude. Car si elle était puissante, Marie restait à leurs yeux une aveugle, incapable de se débrouiller seule dans ce monde dangereux.
Surprotégée, elle n’avait que rarement l’occasion de sortir du manoir, et encore moins sans escortes, pouvant à peine s’installer dans le jardin pour profiter du soleil et de l’énergie qui l’entourait. Parfois, la jeune fille s’amusait à chambouler les champs énergétiques, sans rien en dire à ses parents bien sure. Ceux-ci auraient sans doute été paniqué en l’apprenant, la sermonnant des heures durant sur la dangerosité de ses actes puisqu’elle ne pouvait pas en voir les conséquences.
Ce qu’ils n’avaient pas compris c’est que si la jeune file était incapable de distinguer les couleurs et les formes précise de ce qui l’entourait, les flux énergétiques étaient suffisamment précis pour lui donner une idée des paysages et des conséquences de ses amusements.
Les années passèrent et un jour, alors que la jeune fille se trouvait dans le jardin, une perturbation dans les ondes la mit sur le qui vive. Il ne lui fallut pas longtemps pour réaliser que le chaperon censé garder un œil sur elle afin de la surveiller s’était misérablement endormi sous un arbre – les ondes énergétiques de son cœur pulsaient très lentement. Alors, elle ne se posa pas plus de questions et s’élança dans la direction de l’anomalie. Plus elle se rapprochait et plus elle sentait que la rupture des ondes était importante.
Finalement, elle arriva dans une clairière enflammée où quelqu’un était recroquevillé. Vu la forme des lignes énergétiques, Marie supposa qu’il s’agissait d’une femme, une femme apeurée. La chaleur autour d’elle se faisait plus pressante, et elle sentit la jeune femme se tendre en la voyant, avant de lui crier de s’éloigner tandis que le feu se faisait plus important encore.
Pourtant, loin de s’en aller, Marie se laissa emporter par son instinct : se concentrant, elle parvint à reconnecter les flux, apaisant ainsi peu à peu le feu jusqu’à l’éteindre totalement. Dès lors que la dernière flamme se fut éteinte, la jeune aveugle s’écroula, épuisée d’avoir utilisé ses pouvoirs de manière si intense. Elle ne se réveilla que quelques heures plus tard, aux côtés de ce qu’elle devina être la jeune femme qu’elle avait aidé plus tôt. Celle-ci lui apprit qu’elle se nommait Desire, et si elles ne parlèrent pas beaucoup, un véritable lien se tissa entre les deux jeunes filles, début d’une amitié surprenante.
Celle-ci ne remarqua pas de suite que Marie était aveugle, et la jeune mage profita de ce comportement rafraichissant à son égard. L’après midi passa rapidement, et bien vite elle dut retourner au manoir afin d’éviter les soupçons de ses parents et de celui qui était censé veiller sur elle.
Sans doute cette histoire aurait-elle pu se terminer là, mais il n’en fut rien. Bien sure, l’escapade de Marie ne passa pas inaperçue, et elle n’échappa pas à un sermon mémorable de ses parents qui étaient devenus fou d’inquiétude. Néanmoins – et bien qu’elle promit, les doigts croisés dans le dos, qu’elle ne recommencerait plus – la demoiselle avait pris goût à cette sensation de liberté qui l’avait étreinte, le temps d’une après midi.
Il fallut attendre quelques mois avant qu’elle ne puisse refaire son escapade, mais cette fois-ci, elle était bien plus organisée. Ayant fait croire à son chaperon qu’elle allait se reposer dans sa chambre, elle y était restée quelques temps avant de sortir silencieusement et quitter la demeure : l’avantage des flux d’énergie étant qu’elle était capable de voir à travers les murs, elle était ainsi certaine de ne pas être surprise.
Ainsi débutèrent les virées de la petite Marie en ville. Toujours vêtue d’une cape masquant son visage, elle se laissait guider par son instinct, découvrant les forêts qu’elle n’avait jamais pu explorer et faisant l’expérience de la ville de manière tout à fait anonyme.
Et puis un jour, cela recommença. Une perturbation des flux l’attira sur une place où se déroulait un duel entre deux hommes. N’écoutant encore une fois que son instinct, la jeune fille laissa son énergie s’exprimer et fit se mêler les deux lames alors qu’elles se croisaient, empêchant ainsi le duel de continuer. Elle profita ensuite de la stupeur générale pour s’éloigner, espérant avoir été suffisamment discrète.
Les escapades continuèrent et peu à peu, Marie vint en aide à de plus en plus de personnes, tout en gardant son anonymat. Un point qui ne manquait pas de déchainer la curiosité du peuple, qui ne tarda pas à enjoliver ses exploits, voir même à en rajouter. Elle était devenue « La Sauveuse », celle qui intervenait dans les cas désespéré afin de tirer les gens des plus mauvaises situations. Certains racontaient qu’elle avait arrêté le temps, d’autre fait pousser une forêt en quelques minutes. Beaucoup la disaient immortelle, la considérant comme une déesse habitant le Refuge avant leur arrivée et offrant sa bénédiction à ceux qu’elle jugeait suffisamment méritant.
Lorsqu’elle entendait ces rumeurs, Marie avait du mal à se retenir de rire. Mais elle savait qu’elle devait désormais se montrer vigilante : si elle était devenue une sorte de légende urbaine, elle ne devait pas oublier qu’elle restait aveugle malgré tout, et que les hommes sont parfois prêts à tout pour obtenir ce qu’ils veulent…