Dans un monde où votre naissance et votre sexe décident du reste de votre vie, Lila n’a jamais voulu se plier à ce que l’on attendait d’elle. Jeune fille plutôt turbulente et tête brûlée, elle était de celles qui refusaient de jouer à la princesse et brandissaient une épée imaginaire pour voler au secours de celle-ci. Une attitude que son entourage trouva attendrissante, avant de devenir déplacée au fil des années.

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Car Lila ne pourrait jamais devenir ni une princesse, ni un chevalier. Fruit d’une des nombreuses unions illégitime du conseiller des élémentalistes avec l’une de ses domestiques, la jeune femme grandit sur le domaine de son père en tant que simple domestique. Mais sa condition est loin de la déranger : vivant exclusivement sur le domaine, presque hors du monde et du temps, elle ne réalise pas les contraintes qui l’accompagnent.

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Loin d’être seule, Lila passe une enfant heureuse en compagnie de ses demi-frères et sœurs – exception faite des enfants légitime de son père qu’elle n’a pas le droit d’approcher si ce n’est pour les servir – et surtout, en compagnie de sa sœur jumelle, Laisa. Si les deux sœurs n’auraient pas pu être plus opposées, elles entretiennent néanmoins une relation fusionnelle que rien ne semble pouvoir altérer. Très protectrice envers sa sœur, Lila a tendance à la couver un peu trop, connaissant la nature tendre de son double.

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Parmi tous les enfants du domaine, il en est un dont les deux sœurs sont particulièrement proches : Lucien, l’un de leurs demi-frères. Les deux jeunes filles ne le réalisent que vers l’âge de dix ans, mais cela ne change rien à leurs rapports. Pour Lila, Lucien est le grand frère modèle, un homme dont elle envie le courage et qu’elle est bien décidée à égaler. Et surtout, il est l’une des rares personnes qui ne lui rabâche pas que sa place se trouve dans les cuisines ou d’autres bêtises de ce genre.

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Lorsque celui-ci quitta le domaine où ils avaient toujours vécu, ce fut un choc pour la jeune adolescente. Alors âgée de douze ans à peine, elle traverse une passe des plus difficile : perdant l’une des seules personnes avec qui elle pouvait être elle-même, elle se retrouve par la même occasion enrôlée de force dans un rôle dont elle ne veut pas : la vie facile est terminée, elle se doit d’endosser le travail de domestique de manière plus ardues.

C’est aussi à cet âge que la dure réalité du monde dans lequel elle vit : quittant parfois le domaine pour se rendre au marché, elle en profite pour rendre visite à Lucien avec qui elle a toujours gardé le contact. Il s’agit d’ailleurs d’un sujet de discorde entre elle et sa sœur, Laisa acceptant mal que Lila continue à voir leur frère alors qu’elle reste sans nouvelles.

Confrontée à la misère présente en dehors des murs du domaine, Lila se découvre un sens aigu de la justice : pourquoi ces hommes et ces femmes meurent-ils de faim alors qu’au domaine, la nourriture est présente à foison ?

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Lorsqu’un jour, en rentrant du marché, elle croise le chemin d’un homme fouetté par un garde pour avoir volé une miche de pain, la domestique ne peut s’empêcher d’intervenir et tente de raisonner le fouetteur. Résultat : si le vieillard est épargné, c’est elle qui subira sa peine, après que ses habits n’aient été déchirés afin d’être certain que le fouet morde bien sa chaire.

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C’est le panier renversé et la robe en lambeaux qu’elle retourna au domaine, où elle fut également punie pour le manque de provision qu’elle rapportait. Aucun commentaire ne fut fait sur son état, mais elle fut épargnée durant quelques jours afin qu’elle ne se remette de ses blessures.

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Ce fut néanmoins la dernière fois que Lila fut désignée pour se rendre sur le marché. Dès qu’elle fut remise, elle eut « l’honneur » d’affecter un nouveau rôle avec sa sœur : dame de compagnie de ses demi-sœurs. Lila s’occupait d’Irina, tandis que Madeline avait échoppé de Laisa. Inutile de dire que sa sœur était bien plus chanceuse qu’elle ne l’était : Irina avait toujours eu un caractère bien plus tranchant, et ne ratait pas une occasion d’humilier celle qu’elle savait être sa demi-sœur.

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Ce manège dura deux ans. Deux dans durant lesquels Lila prit sur elle pour ne pas céder au manège d’Irina, deux ans durant lesquels elle ne revit plus son demi-frère, ni qui que ce soit d’extérieur au domaine.

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Mais Lila n’a jamais été de celles qui subissaient sans réagir : un soir, ce fut la réaction de trop. Alors que Lila se rendait dans la chambre de sa « maîtresse » suite à un énième caprice de sa part, elle décida qu’elle en avait assez. Lançant le plateau de thé et de petit gateau en direction du mur – et éclaboussant au passage sa chère demi sœur – elle avait tout plaqué du jour au lendemain.

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Son premier réflexe fut de proposer à sa sœur de l’accompagner, mais celle-ci refusa, trop timorée pour oser se rebeller. Prenant ce refus comme un rejet, Lila quitta le domaine à la recherche de Lucien qu’elle n’avait plus vu depuis bien longtemps. Lorsqu’elle apprit son appartenance à la rébellion, elle n’en fut pas vraiment étonnée et rejoint d’ailleurs les rangs de celle-ci, bien décidée à faire régner la justice dans les rues du Refuge.

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Inutile de dire que son arrivée ne fut pas très bien vue au sein de l’organisation : elle était une femme, et en plus de cela avait un lien privilégié avec le chef de la rébellion. Si le terme « pistonnée » n’avait pas encore été inventé, plusieurs rumeurs circulaient sur le dos de la jeune femme. Et bien décidée à prouver à tous qu’elle méritait sa place, Lila n’hésita pas à fournir deux fois plus d’efforts que les autres afin que ceux-ci soient reconnus.

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Aujourd’hui encore alors qu’elle est devenue bras droit du mouvement, beaucoup remettent sa position en cause à cause de son sexe, mais elle n’en a que faire. Habitant avec Lucien, Rose et Jacob, Lila tient la librairie avec son demi-frère en tant que métier officiel, et dirige d’une main de fer la rébellion aux côtés de Lucien. Habituée à ne rien laisser paraître, elle ne peut cependant nier qu’une partie d’elle est manquante depuis sa fuite : en effet, elle n’a plus jamais revu sa sœur qu’elle avait tant à cœur de protéger…