Une princesse parfaite, tirée à quatre épingles, le port altier, la beauté froide. Elle avait forcément tout pour elle, née avec une sacrée cuillère en argent dans la bouche, aucun motif de plainte. Princesse parfaite, vie parfaite.

 

Il y a ce fameux pourcentage, ce petit 1% qui ne touche qu’une infime partie de la population magique et qui tomba malheureusement sur un bébé qui n’avait rien demandé à personne. Elle tomba gravement malade sans qu’on en connaisse réellement la raison, sans doute l’une de ces maladies orphelines dont l’origine peut être multiple et les symptômes trompeurs. La fleur de la blondinette, alors seul espoir pour le couple royal à l’époque se mit à pourrir, leur ôtant leur seul espoir de salut pour le trésor de leur existence.

 

Il est toujours assez remarquable de constater à quoi sont près certaines personnes sous l’impulsion du désespoir. Les parents de la petite se rendirent au Nid dans le plus grand secret et firent de leur fille une dragonnière.

 

Il serait illusoire de penser cependant que les choses se seraient poursuivies paisiblement pour le nourrisson qu’était Emily à cette époque. Par mesure de sécurité ou pour être certains de garder ce lourd secret sains et sauf le roi et la reine la séparèrent de son dragon dès son retour au palais et prirent soin de l’isoler du reste du monde, sous le prétexte des séquelles de sa maladie lui prétextant une constitution fragile. Les apparitions en public de la princesse sont limitées et encadrées, constamment sous surveillance ils veillent à ce qu’elle ne prononce pas un mot de travers sur sa réelle condition. Sa rose est prétendue abimée et gardée isolée alors qu’elle n’existe plus.

 

Elle grandit dans cette atmosphère, ne se faisant que de rares amis au sein du palais, s’échappant en douce de sa prison dorée lors des rares fois ou ses géniteurs s’absentent.

Le manque de son dragon se fait durement ressentir chez elle et bien qu’elle paraisse d’une douceur sans égal au premier abord, la vérité tant du côté d’une agressivité et d’une impulsivité frôlant la bi-polarité par moment. Emily se sent pleine de colère et de rancoeur. Elle en veut à ses parents, elle en veut au monde entier, elle en veut déjà à ce nouvel enfant que ses parents tentent d’avoir, espoir pour eux d’un héritier « normal ». Emily n’aspire qu’à une liberté qui lui demeure inaccessible.